Lors de sa formation à l'École des beaux-arts de Montréal, de 1940 à 1943, Marcel Gingras devient l'élève et le disciple privilégié d'Alfred Pellan. L'influence du grand maître québécois de la peinture surréaliste marquera la production artistique de Gingras durant toute sa carrière de peintre.

Revenu à Sherbrooke après ses études à Montréal, il s'associe à l'entreprise familiale d'ébénisterie, mais n'en continue pas moins de consacrer tous ses loisirs à la peinture, au travail en atelier, tout en participant à de nombreuses expositions collectives ou individuelles.

Même s'il travaille en retrait de la métropole, théâtre des manifestations, des bouleversements et des grandes expositions qui marqueront l'art au Québec, Gingras garde contact avec le milieu de l'art. Il visite les musées, les galeries d'art, s'informe, lit et se documente sur les manifestations artistiques, tant sur la scène nationale qu'internationale. Un survol de sa pratique artistique, quelque mille tableaux réalisés sur plus de quatre décennies, démontre à quel point il a assimilé et repris à sa manière les grands courants qui bouleversent et transforment alors le monde de la peinture.

Bien que formé dans la tradition académique qui perdurait encore à l'ÉBAM dans les années 40, Marcel Gingras n'en demeure pas moins un peintre instinctif qui laisse libre cours à son imagination. Toutefois, à l'instar de son mentor, Pellan, la présence du dessin impose une structure à toutes les oeuvres, ordonnées et construites avec rigueur et discipline. Même s'il a parfois été tenté par l'abstraction, Gingras est, d'abord et avant tout, un peintre figuratif chez qui la manipulation des diverses constituantes de la peinture, tout comme l'expérience individuelle et culturelle, est source de création.

Monique Nadeau-Saumier, Ph. D.
Historienne de l'art